Testo L'exilé

Testo L'exilé

Parlé :
si vous prenez, à la sortie du hameau de la louvière
le sentier qui rejoint la lisière, passe à fleur de forêt
puis s'enfonce à la rencontre des chants d'oiseaux
si vous le suivez jusqu'aux premières pentes de la dent des corbières
vous apercevrez, sans doute, à la naissance du coteau
une grotte
c'est là que vit celui qu'ils appellent le fou
et que j'appelle moi: l'exilé
il est des hommes déracinés de leur pays
et qui essayent de passer vaille que vaille
sur une autre terre que celle de leurs ancêtres et de leurs amours
il en est d'autres, tel celui-ci
que l'on a comme arraché au siècle où ils auraient dû vivre
et qui essaient de survivre dans une époque qui ne leur convient pas
où ils étouffent quand ils ont mal

il ne vivait pas comme les autres
il ne pensait pas comme les vôtres
le naufragé du temps passé
l'étranger volontaire, l'exilé

parlÉ :
il se sentait comme asphyxié par les courses des autres
course à l'argent, course à la réussite, course aux honneurs
lui, s'était singulier, détestait le pluriel
il n'avait que le sens de l'honneur
mais en nos temps supersoniques
c'est un sens interdit
mal dans son âme sous la dictature de la quantité
il rêvait, comme un enfant, que revint le règne de la qualité
il ne comprenait pas qu'on traite ceux qui donnent, de pigeons
ceux qui rêvent, de naïfs
ceux qui aiment, d'esclaves
a vrai dire il ne comprenait rien à pas grand-chose
a part que l'essentiel de la vie est certainement bien plus simple
et bien plus beau
que dans le cri des corbeaux et le hurlement des loups
alors il demeurait là, dans sa grotte
l'exilé
les pieds dans le vingtième siècle
et la tête et le cœur ailleurs
pas loin

il ne vivait pas comme les autres
il ne pensait pas comme les vôtres
le naufragé du temps passé
l'étranger volontaire, l'exilé
terre folle, t'as un coup de vieux
tu perds la boussole
j'entends le bon dieu
qui rigole

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